En foulant la Voie Romaine

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Bâtons de marche en main, je m’engage dans la rue nommée Voie Romaine. Sur le ban d’Arriance, elle dessert quelques habitations, puis l’asphalte laisse la place au chemin de terre emprunté par les marcheurs et les engins agricoles. Ce tronçon de chemin appartient à la Voie Romaine reliant Metz à Keskastel, dans le Bas-Rhin. Large de 6 à 12 mètres suivant l’importance de la voie, celle d’Arriance mesurait 8 mètres et serait une ‹‹viae vicinales››. Tracées en lignes droites, les voies furent construites par les Romains pour relier plus rapidement les différentes villes de l’empire. Actuellement, ce sont les tracteurs aux remorques chargées de rouleaux de paille qui battent, non pas le pavé de la Voie Romaine, mais la terre argileuse où les ornières se creusent, marquées encore de l’humidité des pluies de printemps. Une haie vive, refuge des passereaux, sépare le chemin des parcelles cultivées. Encore quelques pas avant le passage à niveau. Celui-ci franchi, la Voie Romaine disparaît au profit des cultures, il faudra traverser ou contourner le champ pour retrouver, au sommet du coteau, un tracé dans les bosquets. La Voie descend en pente douce pour franchir la départementale 910 entre Mainvillers et Many, à la hauteur de la chapelle de la Visitation. Je m’arrête sur les ‹‹ Hauts d’Arriance›› qui offre une vue plaisante, à chaque pas, le paysage change, les lignes courbes dessinent des touches de couleurs, le blond doré des épis mûrs, la nuance pain d’épices des chaumes, le vert des pâturages, celui plus foncé des bois, le marron des parcelles labourées. Car Voie Romaine et agriculture sont intimes, la Voie est souvent le seul accès aux parcelles, les ponts sous la voie ferrée ne permettent pas le passage des engins. Un champ moissonné est vite récolté, puis retourné, la terre n’attend pas, et l’homme qui s’en nourrit abat un travail considérable, les phares des moissonneuses-batteuses vont balayer les champs jusqu’au petit matin.

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